EXERCICE POUR L’ATELIER D’ECRITURE EROTIQUE (les consignes étaient : « écrivez un texte en vous servant de l’excipit [phrase de fin] imposé. L’excipit est « c’en était fini, plus rien ne serait comme avant. » )

Une fois n’est pas coutume, je vous livre le texte en vous le récitant en plus de l’écrire. J’espère que vous aimerez !

Chaque soir, avant de m’endormir, mes pensées se bousculent. Je m’assois devant elles comme au si j’étais au cinéma, mais elles jouent sans cesse le même film. Rien ne change, ce n’est que le scénario de mon imagination. Sauf peut-être ce soir … 

Ils sont là tous les deux et je les regarde avec envie. Ils se parlent comme s’ils s’étaient toujours connus. Ils sont si beaux, si envoûtants. L’un pense qu’il est le seul, l’autre sait qu’il me partage. 

Je m’approche d’eux, pose mes mains sur leur épaule et mes deux bruns dirigent immédiatement leur regard vers moi. Ils se tournent pour me faire face, mes mains se posent sur chacun de leur torse et ils me font reculer de toute leur ardeur. L’un prend la main posée sur son torse pour l’y emprisonner. L’autre me contourne tandis que je fixe du regard celui dont ma main était prisonnière. Je suis à présent entre les deux. Nos corps dansent un tango tandis que nos âmes allument un feu en enfer.  Sur l’air de  El Tango de Roxanede Moulin Rouge, les deux pressent leur corps contre le mien. Celui dans mon dos, dépose de doux baisers sur mon cou tandis que celui dont je n’ai pas quitté le regard défait un à un les boutons de mon chemisier. Je me perds dans les baisers plus appuyés de mon ombre, ferme les yeux, bascule ma tête en arrière et savoure la bouche qui me baise la nuque et les mains qui me dévêtissent. 

Quand je sens l’air frais caresser ma poitrine presque nue, je relève la tête, ouvre les yeux et vois qu’ils ont inversé leur place. Les yeux verts qui me font à présent face se posent sur mes seins pointés et celui à qui ils appartiennent finit de les mettre à nu. Celui aux yeux châtaigne est devenu mon ombre et comble chaque espace de la peau de mon cou non baisé par l’autre. Je sens tout mon corps frémir. Leurs odeurs se mêlent dans un parfum envoûtant. Leur parfum. Mon brun aux yeux émeraude me prend la main, lève mon bras et me tourne si bien que je me retrouve face à mon autre brun. Mon ombre baisse mon bras , place ma main sur mes fesses rejointe par mon autre main. Je sens alors un ruban de satin venir enlacer mes poignets. Me voilà leur prisonnière. La lumière se meurt quand celui qui me faisait face la fait disparaître sous un ruban de soie. Je deviens aveugle. Commence alors un jeu que tous deux aiment. Je le sais, je l’avais tant de fois fais avec chacun d’entre eux. Mais à présent ils étaient deux joueurs face à moi. 

L’un me soulève, je présume qu’il s’agit du plus musclé,  et fait un bout de chemin avec moi contre lui, mes jambes enserrant sa taille. Il m’allonge délicatement sur le lit, étend mes bras au-dessus de ma tête. J’entends alors qu’on verse un liquide dans un verre. Je sens des lèvres se coller aux miennes et je sais qu’il s’agit de mon brun aux yeux châtaigne. Il déverse dans ma bouche un liquide frais et fruité, sans doute le Pinot gris entamé plus tôt. J’avale lentement et entrouvre la bouche, avide de plus. Mon avidité est vite comblée quand les lèvres de mon brun aux yeux émeraude viennent toucher légèrement les miennes. Ce n’est plus du liquide mais un grain de raisin qui entre dans ma bouche. Je le mange sensuellement, il est ferme et sucré. Soudain, je sens deux paires de lèvres venir embrasser chacune de mes commissures. J’étais à eux. 

L’un deux, je ne sais lequel, fini de me déshabiller tandis que l’autre m’embrasse avec ferveur. Je n’arrive plus à les distinguer. Pourtant je les connaissais si bien. Ils étaient souvent à moi comme j’étais parfois à eux. Mais là, les deux ensemble ne faisaient plus qu’un. 

Je sens des lèvres se poser entre mes cuisses et me lécher langoureusement. Lequel est-ce ? Je ne le saurai jamais. Puis aux bords de ma bouche vient se présenter quelque chose qui m’était familier : un sexe dressé. Une goutte perle et vient humidifier mes lèvres sèches de tant de plaisir. Je le suce tout aussi avidement que l’autre me lèche. Plus l’autre accentuait son embrassade et plus j’enfonçais le sexe dans ma bouche comme une réponse à ce que mon corps vivait. Le sexe quitte ma bouche lentement et des lèvres viennent combler le vide laissé par lui. Je remarque alors que l’autre avait cessé de me lécher. 

Une voix au creux de mon oreille droite me susurre d’ouvrir la bouche. C’est mon brun aux yeux châtaigne. Je sens à nouveau le liquide frais et fruité ruisselé sur ma langue jusqu’à ma gorge. C’était bon et rafraichissant après tant de chaleur. Je me délecte de ce breuvage mêlé au goût qu’avait laissé le sexe d’un de mes deux bruns. 

Un sexe entre en moi, je me cambre aussitôt. Renversant ma tête en arrière et ouvrant la bouche je sens l’autre sexe entrer dans celle-ci et descendre jusque dans ma gorge. Je n’avais rien à faire : c’est lui qui baisait ma bouche. 

Sur un même rythme mes deux bruns me baisent. C’est tellement bon. C’est tellement eux. Ils savent me baiser, ils me connaissent par cœur. Leurs sexes comblent ma bouche, mon vagin. Nous formions une continuité de corps, une éternité de sens, une infinité de plaisirs. 

Le sexe dans ma bouche se déverse dans une pluie salée que j’avale aussi lentement que j’avais avalé le vin. Mon bas ventre se crispe et c’est à mon tour de jouir entraînant la jouissant du sexe en moi. C’était un enchaînement en cascade. Les deux avaient fini dans un son rauque. J’aimais leur voix grave et elle ne manqua pas de faire son apparition au moment de leur orgasme alors que jusque-là ils étaient tous deux très silencieux. Nous sommes restés un long moment allongés sur le lit, mes deux bruns de chaque côté de mon corps. Je ne sais à quoi ils pensaient mais moi je savais que c’en était fini, plus rien ne serait comme avant.