Christophe


Atelier d'écriture érotique, Ecriture libre / mardi, avril 27th, 2021

EXERCICE POUR L’ATELIER D’ECRITURE EROTIQUE(les consignes étaient : Après avoir questionné un autre auteur de l’atelier, vous allez écrire avec son personnage. Ce personnage va se retrouver dans une boutique, découvre un objet. Cet objet va lui procurer une sensation méconnue. Il faut chercher à mettre en oeuvre tous les sens. Il n’y a pas d’autre personnage. L’objet peut être emporté.)

Comme à chaque fois que je suis de repos, je prends ma voiture et vais me promener dans les vieilles rues de Pau. J’adore leur authenticité et l’ambiance qu’elles dégagent, cela m’apaise bizarrement.

J’ai toujours vécu à Oloron-Sainte-Marie et les voyages, les découvertes sont un peu mon seul échappatoire. J’adore ce village qui m’a vu grandir ainsi qu’à peu près tous les membres de ma famille, mais si pour beaucoup il peut paraître dépaysant, j’en connais tellement les moindres recoins qu’il ne me fait plus voyager, même si j’y suis très attaché. Les voyages que j’ai pu faire, à l’étranger ou en France, m’ont permis de découvrir de nouvelles choses, des cultures, des peuples, des saveurs, … J’ai beaucoup bourlingué, comme j’aime à le dire ! Je crois même que j’y ai perdu un peu mon accent qui faisait tant vibrer les filles.

Mon dernier voyage remonte à un an, c’était à Marrakech. Il a été pour moi une immense découverte : celle de mes sens. Les couleurs, les odeurs, l’architecture, les délices sucrés et salés, les épices, bref chaque jour était une véritable explosion des sens comme mon corps en avait rarement eu….voire jamais eu ! J’ai aimé ces sensations et plus encore j’ai aimé les partagé avec Hélène. Je me rappelle qu’ensuite à notre retour j’avais gagné en force et en assurance. Toutes ces personnes rencontrées m’avaient fait grandir. Mon métier et ma vie sont tournés vers les autres, c’est ce que j’aime faire et ce pourquoi je suis bon, mais après ce voyage au contact des autochtones j’étais emplit d’humilité, de force, de résilience et d’amour. J’adore me rappeler ce voyage incroyable !

Me voilà dans ces ruelles typiques que Pau a à offrir. Je flâne, je regarde, je marche doucement pour profiter de ces passages encore calmes juste coupés par les rayons du soleil matinal. Ah le magasin d’Abdel ! Je suis immédiatement plongé en Orient. J’adore ! J’y vais souvent pour faire le plein d’épices : cumin, cannelle, paprika, … de douceurs : miel, dattes, fruits secs, …et aussi pour faire le plein de tabac à Narguilé. Encore une chose ramené de mon voyage à Marrakech : une belle chicha traditionnelle. Soudain un objet attire mon attention, c’est un châle flamboyant dans un camaïeu de rouge. Il est sublime. Je ne sais pourquoi mais il m’appelle, m’attire. Il ressemble beaucoup au châle qu’adorait porté Hélène lors de notre voyage.  Je le regarde longuement et décide de l’ajouter à mes achats du jour. Je repart et me dis qu’il ira très bien sur le dossier du canapé. 

Une fois arrivé chez moi, je me met à l’aise, range mes tabacs dans le tiroir du petit meuble sur lequel est posée la chicha, remplit mes pots à épices et sort ce châle du sac. Son touché est extrêmement doux, c’est une caresse de la peau. Les fils de soie tissés à la main lui procure cette incroyable légèreté et douceur. Je comprends mieux pourquoi Hélène ne quittait plus le sien ! Machinalement je le passe autour de mes épaules dénudées. Il faut dire qu’avec cette chaleur difficile de garder un tee shirt, mais étrangement le châle ne me tient pas chaud, il m’enveloppe de douceur, de réconfort. Il m’apaise. Je le caresse en faisant de grand va et vient sur lui avec ma main droite tandis que mon autre main le plaque sur mon torse. Je me sens si bien. J’aime son toucher, c’est presque comme caresser le dos d’une femme. Il y a un côté très sensuel dans cette matière que je n’avais jamais perçu. Il sent un mélange d’épices que je ne pourrais dissocié et cela me transporte immédiatement au souk de Marrakech. Je le sens plus encore, plus profondément, plus intensément. Je voyage. Ma main continue sa caresse et mes narines continuent leur voyage. Ces souvenirs m’enveloppent dans un écrin de douceur, de tendresse. Ca me manquait ! Cela fait bien longtemps que je ne m’étais pas senti autant en sécurité. En réponse à cette bulle réconfortante que j’avais créé avec ce châle, mon sexe se tend. C’est donc ça que ma thérapeute appelle le lâcher-prise, me demandais-je ? Je décide de continuer le voyage, descend ma main droite sur mon pénis et laisse la gauche emprisonné le tissus contre mon torse. Je veux à tout prix garder ce tissus contre moi, c’est mon rempart, ma protection. Je commence de long mouvements de va et vient au même rythme que ceux que je faisais sur le châle. Je me détends plus encore à l’inverse de mon sexe qui, lui, se durcit. Je ferme les yeux pour ressentir la moindre sensation. J’ai les odeurs des épices qui envahissent mes narines, un chant oriental qui vient résonner dans ma tête et la douceur de ce châle et de ma peau tendue dans le creux de mes mains. J’ai cette ambivalence : d’un côté l’impression de me perdre et de l’autre celle d’être plus connecté que jamais à moi-même, à mes sens.  J’accentue mes mouvements presque comme s’ils dansaient au rythme des tambours orientaux de ce chant que j’entends dans mes souvenirs. Je m’invente une danse, ma danse. Lorsque mon corps souffre d’avoir trop attendu ce moment, je me déverse dans ma main accompagné d’un cri libératoire et rauque qui tintait comme un merci de soulagement.

Un an que je n’avais pas jouit, un an que je n’avais pas réussi, un an qu’Hélène était partie vers son dernier voyage. 

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