Corps Aimants


Atelier d'écriture érotique, Ecriture libre / dimanche, avril 18th, 2021

Voici le texte avec lequel j’ai gagné l’atelier d’écriture érotique :

(les contraintes étaient les suivantes : pas plus de 2 pages, le contexte est : « l’histoire fait l’histoire », le texte doit se terminé par le mot printemps)

Je te vois enfin sur le quai de la gare, mon cœur s’emballe et je ne peux le freiner. Le train te dépasse ce qui laisse à mon esprit le temps de se poser mille questions : dois-je t’embrasser ou te faire la bise ? Que se dire après tant d’absence ? Et puis la porte s’ouvre, je m’approche et là tu embrasses mes joues. Le ton est donné. Je suis triste, extrêmement peinée mais tellement contente de te voir. C’est un tourbillon d’émotions mais je garde mon sourire. On va chez toi en parlant comme de simples amis le temps du chemin. Arrivés dans ta petite maison des années soixante, tu m’invites à m’asseoir sur un des tabourets de bar. On boit un verre puis deux et sans crier gare tu te lèves et mes yeux te scrutent de bas en haut tant tu me surplombes du haut de ton mètre quatre-vingt-dix. Tu te courbes et m’embrasses à me couper le souffle, à faire violacer mes lèvres. Quand elles quittent les miennes, nous sommes essoufflés par tant d’ardeur. C’est à présent moi qui me lève et fait le chemin pour venir mordre ta lèvre inférieure. Sans que ta bouche quitte la mienne, tu attrapes l’arrière de mes cuisses, me soulèves et me portes jusqu’à ton salon où tu me plaques contre ton immense bibliothèque dont je n’ai même pas lu un dixième. Quelques livres vacillent et tombent. Les étagères me strient le dos mais peu importe la douleur, c’est tellement bon de sentir à nouveau ton cou orné de ce parfum aux notes ambrées. Mes lèvres restent prisonnières des tiennes avec ce mélange de douceur et de douleur dont toi seul a le secret. Je ne peux m’empêcher de penser que mon rouge à lèvre bois de rose va tourner au violet ce qui me fait sourire. Passionnément nous nous hâtons d’ôter nos vêtements et nous couchons sur ton tapis beige au toucher doux. Nos corps sont comme aimantés , ils se réclament, se cambrent à la recherche de l’autre. Je ferme les yeux pour ressentir le moindre de tes gestes et sens tes doigts masser cet endroit qui me fait tant défaillir, lentement, merveilleusement bien, trop bien sans doute. Tu m’embrasses plus doucement et tes doigts forment des cercles parfois appuyés parfois plus légers. Je sens alors mon corps se tendre et tout se contracter en moi. Tu l’as senti, tu me connais par cœur. A cet instant, je prie pour ne pas que tu me laisses inachevée comme la fois précédente. Mais ma prière est vite entendue quand j’entends le bruit d’un emballage se déchirer puis un silence. Je te sens alors t’insinuer en moi et me combler. Je me cambre plus encore pour que tu me pénètres plus profondément. Mon Dieu, que je l’ai attendu ce moment de te savoir au plus profond de moi ! Tes yeux verts se fixent à mes yeux marrons et inventent une nouvelle couleur quand nos langues, elles, inventent une nouvelle danse. Nous sommes là, allongés, en rythme à danser la danse de la passion ! Nos corps s’échauffent, suent et d’un coup se crispent et s’échangent cette « eau de sexe ». Nous sommes las, haletants et d’un coup la réalité vient à nouveau nous percuter violemment. Qu’avons-nous fait ? Où est cette culpabilité dont tout le monde parle ? Je ne sais quoi penser. Mes yeux s’entrouvrent, je suis dans mon lit.

 Mon corps est tendu, mes draps sont froissés et je sens une goutte fuir mon intimité et couler le long de ma cuisse. Un rayon de soleil filtre à travers une latte de mon volet en bois et m’ébloui. J’avais oublié à quel point tout se réveille au printemps. 

Ceux qui me lisent souvent auront reconnu une partie du texte tiré d’un de mes écrits précédents qui porte le même titre.

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