« Peut-on savoir où s’arrête le normal, où commence l’anormal? Vous pouvez définir ces notions, vous, normalité, anormalité? Philosophiquement et médicalement, personne n’a pu résoudre le problème. » Rhinocéros de Eugène Ionesco
Lorsque j’accompagne les personnes vers une sexualité épanouie et épanouissante, je rencontre à chaque fois cette même question : est-ce que je suis normal(e)? Est-ce que ce que je fais ou ne fais pas est normal?
Forest Gump disait « n’est stupide que la stupidité. » Il en va de même pour la normalité leur réponds-je.
Mais si je devais m’efforcer de définir la normalité d’un point de vue psychologique je dirai que c’est l’ensemble des actions, faits, ou façon d’être ou se comporter qui ne revêt aucun caractère pathologique. Je m’explique : regarder des films pornographiques est « normal » si leur visionnage ne tourne pas à l’obsession créant ainsi une dépendance psychique et physique. Avoir une relation avec plusieurs partenaires est « normale » si elle est consentie par tous.
Je crois qu’il ne faut pas confondre normalité et attente sociale, culturelle ou religieuse. Je peux tout à fait avoir un comportement normal mais qui, pour autant, ne répondra pas aux normes sociales ou culturelles. Prenons pour exemple l’homosexualité, le transsexualisme ou encore le travestisme. Ceux-ci sont tout à fait normaux pourtant certaines sociétés, cultures, ou religions les condamnent.
Nous sommes dans une société qui aime « ranger » les personnes dans des cases alors forcément quand l’un d’eux ne rentre dans aucune d’elles il est dit « anormal ». Je pense au contraire que l’anormalité réside dans la standardisation d’êtres uniques.
Nous sommes toutes et tous différents : grands, petits, minces, gros, bruns, blonds, roux, hommes, femmes, les deux,… peu importe nous sommes tous uniques. Les normes, d’où découle le mot de « normalité », sont en réalité des standards déterminés par des « bien pensants » refusant le désordre. Selon eux une personne normale est de taille moyenne (bah oui il ne fait pas bon être trop grand ou trop petit), de corpulence moyenne (là aussi il est mal vu d’être rond ou maigre), … En bref, la normalité réside dans le fait d’être moyen.
Et quand des personnes se refusent à être moyennes et rentrer dans ces cases toutes faites elles sont évincées, critiquées, mal vues.
Nous vivons dans un monde où le regard des autres compte plus que notre propre regard. Nous vivons en fonction des autres, en fonction des standards qui nous sont imposés.
Alors ne vous posez plus la question de savoir si vous êtes normal(e) mais demandez-vous si ce que vous êtes ou faites est conforme à vos désirs, vos valeurs mais surtout conforme à la personne que vous êtes vraiment (au fond de vous).
S’il n’y a aucun caractère pathologique alors oui vous êtes « normal(e) », même si, comme vous l’aurez compris, je n’aime pas ce terme de normalité.
Il n’y a pas de normalité en sexualité mais simplement un but celui de l’épanouissement.
Oscar Wilde disait : « Soyez vous-même, les autres sont déjà pris« ! Je trouve que c’est une très belle conclusion.