ATTENTION : Ce texte contient des scènes de violences sexuelles !

De notre passé inachevé naissent des lendemains incertains. Dans cet avion qui me mène aussi loin que possible de toi, je tente de me souvenir de l’homme que tu étais – ton souffle, tes lèvres, tes caresses. Je tente d’imbriquer les pièces d’un puzzle éclaté – tes poings, tes coups, tes insultes. Abêtie par ce désir qui me possède autant qu’il me ronge, je considère la possibilité de revenir vers toi. Sans quoi je mourrais d’asphyxie , me susurre une petite voix. 

C’est un paradoxe intéressant que de mourir d’asphyxie alors qu’il y a de l’air tout autour que l’on s’interdit de saisir. Un peu comme si cet avion se crashait et que nous devions mettre nos masques à oxygène alors même que nous sommes entourés d’air au dehors. C’est ça le paradoxe s’asphyxier à l’intérieur alors qu’il y a plein d’air à l’extérieur. J’ai longtemps pensé que tu étais mon air mais tu es bien vite devenu mon poison. Et pourtant je fuis en cet instant mon addiction à ce poison. 

« Je prendrais soin de toi » était ta première phrase, ton premier mensonge. Je t’ai cru. Ô comme il était plus simple de te croire que de lutter contre mon attirance pour toi. Tu m’as hypnotisé, faisant bien vite ce que tu voulais de moi. 

Tu m’as fait autant de mal que de bien. Chaque baiser effaçait tes coups, chaque compliment effaçait tes insultes et chaque caresse effaçait des poings heurtant ma peau. Parfois, je n’aurai su dire si tu m’aimais ou me haïssais tant l’ambivalence de tes gestes me perdait. 

Je me rappelle de cette dernière fois – fois qui m’a permis de fuir –  où tu étais rentré alcoolisé et furieux de t’être fait retiré le permis. Tu hurlais si fort que les murs tremblaient. J’entrepris de t’embrasser pour apaiser ta colère. J’y parvins un peu. Ton baiser d’abord dur et haineux s’était mué en quelque chose de plus doux. Tu avais le goût du whisky bon marché et l’odeur de la cigarette. Peu importe je continuais à t’embrasser malgré mon dégoût. 

A y réfléchir c’est sans doute à cet instant que, ne respectant pas mes limites,  je t’ai inconsciemment permis de ne pas me respecter. 

Quoiqu’il en soit je t’ai embrassé de longues minutes durant lesquelles ma langue s’imprégnait de ton goût malté. Quand nos bouches se sont séparées, tu m’as violemment poussé sur le fauteuil. Je ne sais par quel miracle , je ne m’étais pas blessée. Tu m’as déshabillé tout aussi violemment. Tes lèvres ont trouvé mes tétons que tu mordais sans relâche. J’avais autant de douleur que de plaisir. Mon cerveau n’arrivait pas à se mettre d’accord sur ce que je ressentais. Tes dents striaient mes mamelons et tes lèvres happaient ma chair y laissant bientôt un hématome…un de plus. 

Quand ta tête est descendue j’ai lutter pour la faire remonter afin d’éviter que mon intimité ne connaisse le même sort que mes seins. 

Tu as compris et cessé tes morsures. 

Tu as réussi à te radoucir comme si tu m’avais transmis ta colère au travers de tes morsures. Comme le venin du serpent tu m’as transmis ton mal. 

Tu m’as relevé et as fini  de me déshabillé aussi doucement et délicatement qu’un jeune puceau l’aurait fait à sa belle. Tes morsures s’étaient changés en doux baisers effleurant chaque partie de mon corps impatient de te sentir. Tu m’embrassais, me léchais faisant de ce moment une parenthèse enchantée. Mais bien vitre, trop vite sans doute le loup repris le pas sur l’agneau et tes gestes se sont durcis. Tes doigts sont entrés en moi avec une rage si intense. Tu fouillais- oui je crois que c’est le mot qui convient- mon intimité à la recherche de je ne sais quoi. J’avais mal et … en même temps je jouissais sous ses assauts guerriers et sombres. 

Comme j’ai honte en y repensant d’avoir aimé ça. Mais suis-je normale ? Après tout ne suis-je pas perverse ou complètement folle ? Je tais ces pensées et reprends mentalement mon souvenir :

Je sentais chacun de tes trois doigts me pénétrer le vagin. Comme des frères d’armes ils partaient à l’assaut, côte à côte, de ma jouissance. Il ne fallut pas longtemps pour qu’ils la trouvent. Quand ces soldats firent place à ta queue, j’eu comme un soulagement mêlé à de l’excitation. Je savais que les coups seraient plus violents et c’est ce que je voulais pour jouir à nouveau. Tes coups de reins étaient si secs que je dû gainer mon corps afin de les recevoir sans trop de dommage. Comme je me délectais de cette violence. Je jouissais encore et encore et quand tu as fini de jouir tu t’es allongé à côté de moi. C’était toujours à ce moment-là que j’avais le plus peur. Je savais que le sexe me protégeait, là j’étais à découvert. Tu m’as attrapé la mâchoire avec ta main, la serrant fort, tu m’as dit « t’es une bonne pute ». Tu t’es retourné et as trouvé le sommeil. 

J’étais soulagée. Je faisais l’inspection de mon corps. C’était moins pire que d’habitude. Je me rhabillais et m’endormis à côté de toi.

Au réveil, tu étais déjà partis au travail. Je fis mes valises, réservais le premier vol pour loin et à présent que je m’éloigne de toi, je ne sais si je le regrette ou si je le fais pour mieux te retrouver, le jour où tu sauras m’aimer.