De l’appartenance naît la possession
J’entends beaucoup de personnes parler d’appartenance mutuelle pour décrire leur situation de couple. Je pense sincèrement que l’expression n’est pas appropriée. Dans le mot « appartenance » il y a souvent l’idée d’une possession et donc d’objet. L’autre n’est en aucun cas un objet que l’on possède. Chacun doit garder son identité et son indépendance pour continuer à exister dans le couple. Si nous acceptons d’appartenir à l’autre nous acceptons d’effacer une partie de nous-même. Je pense pour ma part que le couple n’est pas la fusion de deux êtres mais leur existence conjointe.
De la possession naît l’acquis
Cette appartenance ou cette possession puisque au final les deux sont liées mène à une forme d’acquis. L’autre est à nous, il nous appartient, il ne peut partir. Là encore tout est erroné. Croire que l’autre ne peut pas partir c’est déjà faire en sorte qu’il parte. Nous ne sommes pas des lions en cage. L’enfermement même psychologique dans une relation ne convient pas à l’Homme. Nous avons besoin d’exister en dehors de l’autre. Plus l’acquis s’installe plus le danger est grand. C’est d’ailleurs bien souvent ce qui mène à l’adultère subit. L’acquis mène aussi à la confusion : celle de croire que nous connaissons tout de l’autre puisqu’il est à nous. Il est difficile de se connaître soi-même alors il est quasi impossible de connaître l’autre parfaitement. Ne plus chercher à découvrir et à connaître l’autre est l’une des premières causes de séparation.
De l’acquis naît l’habitude
L’acquis a également pour sournoi travers de créer de l’habitude. Cette routine qui rouille tous les rouages d’un couple. Celle qui fait oublier pourquoi il y a quelques années ou quelques mois nous sommes tombés amoureux de l’autre. C’est cette même habitude qui nous empêche de redécouvrir chaque jour l’autre, de continuer à accepter ses défauts car ses qualités sont encore visibles. Au final ce n’est pas l’amour qui rend aveugle c’est la routine. Ne plus voir ce qui nous a séduit chez l’autre c’est ne plus trouver la primo satisfaction : celle des émois des premiers jours de flirt. Mais si la routine modifie insinueusement notre perception de l’autre elle nous modifie au plus profond. Croire que l’autre nous appartient et que nous lui appartenons empêche de continuer à montrer le meilleur de nous-même. Là encore il y a un réel danger pour le couple. Ne plus vouloir plaire à l’autre c’est ne plus se plaire à soi même. La séduction de l’autre commence toujours par l’acceptation de soi.
De l’habitude naît l’ennui et donc la distance
Lorsque tout fonctionne il y a un sentiment de sécurité qui plaît beaucoup à l’être humain mais qui paradoxalement l’ennui. C’est dans notre nature même de chercher à transgresser les interdits, de fuir l’ennui. Plus la situation sera ennuyeuse plus de la distance se créera. Il ne faut pas oublier que partager sa vie avec quelqu’un c’est une aventure avec des prises de risques et qu’il faut vivre cette aventure pleinement au risque de tout compromettre. Je ne dis pas qu’il est aisé d’être chaque jour dans la séduction, de ne voir que les qualités de l’autre, de s’accepter malgré les aléas de la vie. Je dis simplement que faire l’effort de ne pas oublier que pour que le couple puisse exister sereinement il faut exister soi-même est déjà un énorme pas. Ne vous confondez pas avec l’autre car plus nous nous confondons plus dur est notre existence en tant que nous. C’est d’ailleurs la plus grande souffrance et le plus grand combat des personnes qui se séparent : réapprendre à être elles-mêmes.
Si ce n’est pas de l’appartenance mutuelle qu’est ce que c’est ?
Pour ma part, je qualifierai plus de lien que d’appartenance mutuelle la relation de couple. Dans le mot lien nous imaginons facilement deux choses reliées par un petit fil. C’est l’image que nous devrions avoir à l’esprit : deux personnes liées par un fil qu’elles ont décidé de prendre et de donner l’une à l’autre mais sans oublier que ce fil est fragile et qu’il peut se rompre à tout moment.
Le plus beau dans un couple ce n’est pas quand il y a une appartenance mutuelle mais quand il y a une co-existence empli de séduction.