Aujourd’hui, je rend hommage à la pluie intime des femmes appelée Cyprine.
Histoire du mot Cyprine :
Le terme “cyprine” vient du latin “cypris” -surnom de la déesse Vénus à Chypre- et “cyprinus” qui signifie “en cuivre”. Pendant l’Antiquité, invoquer la Sainte Cyprine n’avait donc rien de coquin.
C’est en 1973 que le mot prend une connotation sexuelle, quand la militante féministe, romancière et essayiste Monique Wittig l’emploie dans son ouvrage Le Corps lesbien. Sous sa plume, la cyprine désigne ce qu’elle nomme “la crème”, c’est-à-dire la substance que produisent les femmes quand elles sont excitées sexuellement. On retrouve ensuite le terme en 1985 dans le Dictionnaire érotique de Pierre Guiraud, puis dans Le Petit Robert dans les années 1990. Il y est alors présenté comme une “sécrétion vaginale” et un “signe physique du désir sexuel”.
Qu’est ce que la Cyprine :
la cyprine joue un rôle-clé dans le bien-être de l’appareil génital féminin. Ce liquide transparent composé d’eau, de bactéries, d’urée, d’acides acétiques et lactiques, de complexes d’alcools et de glycols, assure une hydratation permanente au vagin. Il sert également à maintenir le PH de la glaire cervicale (contenue par le col de l’utérus), évitant ainsi irritations et autres désagréments. Hormis sa fonction protectrice de la flore vaginale, la cyprine empêche la propagation des infections sexuellement transmissibles (IST) -dans la mesure du possible bien sûr, elle ne remplace aucunement un préservatif!- Surtout, elle est le symptôme physique du désir sexuel chez les femmes et devient “débordante” en cas d’émoustillement.
Selon votre alimentation, votre consommation d’alcool ou de drogues, le moment de votre cycle menstruel, votre âge et vos gènes, votre cyprine change de couleur, de goût, de texture et d’odeur. Le degré d’excitation sexuelle, la grossesse, la lactation et la ménopause influent aussi sur son aspect. Par ailleurs, certains traitements médicamenteux ou pathologies, comme le diabète et les IST, peuvent la rendre moins abondante.
Bien que ce liquide semble sortir du même endroit que les pertes blanches, il n’a pourtant rien à voir avec ce type de sécrétions vaginales. Les pertes blanches (ou leucorrhées) servent justement à évacuer la cyprine ainsi que les cellules mortes et la sueur afin d’auto-nettoyer le vagin. Il ne faut pas non plus confondre la cyprine avec un éjaculat, produit au moment de l’orgasme. Si les deux sécrétions peuvent se mélanger en cas de jouissance, elles restent différentes. Contrairement à la cyprine, qui est sécrétée par les glandes vestibulaires situées dans les grandes lèvres de chaque côté de la vulve, le liquide séminal provient des glandes de Skene, situées sous l’urètre.
Mais pas que :
La cyprine désigne également une pierre précieuse bleue et est un prénom féminin. Certes pas facile à porter mais qui a un doux son. Depuis 1900 ce prénom n’a été donné qu’à 28 filles en France.
et aussi :
De nombreux rappeurs contemporains s’emparent du terme “cyprine” dans leurs textes. Entre fascination et ego-trip, toute apparition du troublant liquide semble démontrer leurs irréfutables aptitudes sexuelles et mérite de s’en enorgueillir. De Damso (“Cyprine à plein nez le cunni n’est pas évident / Sexe affamé, long comme le bec d’un pélican”) à Nekfeu (“Jet de cyprine, je t’ai surpris / Je t’en supplie, je t’aime / Supprime”) en passant par Kaaris(“Beaucoup de cyprine dans les shorties / Dans tous les écrans et les ordis”) et Odezenne (“Souvent la tête dans la cantine, je dessine, je dessine / Le goût amer de ta cyprine, mes babines, mes babines”), la cyprine n’a pas fini d’alimenter tous les fantasmes de l’imaginaire masculin.